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Apr 3, 2015

278.14_Durkheim Emile_Sociologue français

Emile Durkheim (1858-1917) : Les liens sociaux dans la division croissante du travail
Source: Prépa Bac Terminale ES, Hatier. 
Editeurs: Anne Berger, Pascale Berger-Longuet
Chapitre 6: Changement social, Solidarité et Valeurs

A. liens sociaux dans la division croissante du travail, (prepaB,138)

  • Sociologie du fait social (prepaB,140)
    • Spécificité de l'objet d'analyse de la sociologie: Pour Durkheim, l'objet de la sociologie est l'étude des faits sociaux qui "consistent en des manières d'agir, de penser, de sentir, extérieurs à l'individu et qui sont doués d'un pouvoir de coercition par lequel ils s'imposent à eux", càd la partie de nos comportements qui nous est extérieure, influencée par nos appartenances sociales; c'est ce qui différencie la psychologie de la sociologie. Chaque société est définie par une conscience collective qui lui donne ses caractères distinctifs: elle est à la fois extérieure aux individus puisqu'elle leur survit en se transmettant de générations en générations, mais elle est aussi en chacun d'entre eux, puisqu'elle est portée par tous ses membres avec une plus ou moins grande force, en cohabitant avec leur conscience individuelle.
    • Une science générale du social: le sociologue doit, selon Durkheim, étudier les faits sociaux avec la même démarche scientifique que le biologiste qui étudie le corps humain. Pour cela, il définit des règles:
      • il faut considérer les faits sociaux comme des choses.
      • "le social doit expliquer le social": il faut explique les faits sociaux à l'aide d'autres faits sociaux.
      • la méthode doit être, dans un premier temps, quantitative: on doit mesurer statistiquement des régularités, définir des corrélations statistiques, des variations concomitantes, en comparant les faits sociaux dans l'espace et dans le temps.
  • Division du travail social et cohésion des sociétés, (prepaB,141). Pour Durkheim, la division du travail a d'abord une fonction de cohésion sociale.  Il cherche à comprendre le paradoxe d'une autonomisation croissante des individus qui se spécialisent et donc de leur compémentarité, de leur interdépendance, nécessairement plus forte. 
    • Les formes de solidarité sociale: 2 modèles de sociétés:
      • Dans la première qui correspondrait aux sociétés primitives, la division du travail est presque absente, les individus sont semblables: la solidarité est dite mécanique. La conscience collective s'impose fortement pour souder des individus peu différenciés, pour unir leurs ressemblances. Un droit répressif santionne les écarts: il punit et venge le group de tout acte qui transgresse la conscience collective; la répression resserre et renforce le lien social.
      • Dans la seconde qui correspondrait aux sociétés industrialisées modernes, la solidarité devien organique car les individus spécialisés, sont nécessaires les uns aux autres, comme les organes du corps humain. C'est la division du travail qui est à l'origine de cette différenciation des tâches et des individus: elle les particularise et ils ne partagent plus les mêmes croyances; la conscience collective ne s'impose plus avec la même force. Ici, le droit est restitutif, il a pour objet la réparation: les infractions à la règle n'affectent plus le group dans son ensemble mais ses parties spécialisées; l'opinion y est donc moins sensible, les réactions sont moins passionnelles. Le droit doit permettre de réparer pour la réinsertion dans le tissu social. 
    • Pourquoi la division du travail? La division du travail résulte de l'augmentation du volume et de la densité des sociétés. Les hommes ne décident pas eux-mêmes, selon une rationalité individuelle, de partager les fonctions; ils n'établissent pas librement de contrats entre eux pour se spécialiser car il n'y a pas, selon Durkheim, de décision autonome; la conscience collective, extérieure aux individus, oriente leurs comportements. La division du travail, fait social, doit donc être expliquée par le social.
    • L'augmentation du nombre d'individus dans une société ne conduit pas toujours à leur différentiation: il faut aussi noter que la densité géographique et sociale progresse. La division du travail est une solution sociale pour la survie de la société car elle élimine le risque de compétition entre des individus rapprochés matériellement et socialement. La démultiplication des rôles permet de maintenir la paix dans le groupe en rendant ses membres nécessaires les uns aux autres.
  • Formes pathologiques de la division du travail, (prepaB, 142). 
    • Situations d'anomie: lorsque les individus et les fonctions sociales ne sont pas coordonnés entre eux. 3 exemples de mauvais fonctionnement de la division du travail:
      • crises industrielles et commerciales qui traduisent un mauvais ajustement des fonctions sociales;
      • antagonisme du travail et du capital, très aigu dans la grande industrie au début du siècle;
      • perte d'unité de la science qui résulte d'une spécialisation croissante des scientifiques. 
    • >>>>La division du travail ne produit plus la solidarité car les contacts entre les "organes" sont insuffisants (manque de contiguité).
    • Solutions
      • Durkheim propose de favoriser les institutions socialisatrices capables d'intégrer et de réguler les comportements des individus. L'Etat, la famille, la religion ne peuvent plus assurer ce rôle car la division du travail les a fragilisés en émancipant notamment les individus; 
      • La création des corporations professionnelles devrait permettre de resserrer les liens sociaux en favorisant le contact entre les individus dans des sociétls où la sphère économique devient dominante. 
      • De même, l'école apparaît comme un autre élément essentiel de la régulation sociale: elle socialise les jeunes en leur inculquant des règles qui les adaptent à la vie sociale; l'éducation, selon l'auteur, doit se fonder sur une morale laïque qui soude les individus en lissant leurs différences et en leur présentant un idéal qui rend désirable le devoir.

B. Cohésion sociale menacée ? (prepaB, 143)

  • Remise en cause de certaines institutions, (prepaB,143). L'Eglise, l'Armée, les partis politiques, les syndicats, la famille traditionnelle connaissent un déclin de leur légitimité qui se traduit par une crise d'adhésion et en conséquence un affaiblissement des codes de conduite traditionnels. Les signes de la dévaloriation des ses institutions sont:
    • pour l'Eglise: diminutions des pratiques et des vocations sacerdotales, mise en cause des valeurs et de la morale prônée par le Pape, tensions au sein de l'Eglise elle-même.
    • pour l'Armée: discussions autour du service militaire obligatoire, remise en cause des valeurs patriotiques pour beaucoup de jeunes, critique de l'efficacité de l'Armée...;
    • pour les partis politiques et pour les syndicats: baisse du nombre d'adhérents, du militantisme (grèves, participations à des débats...), perte de confiance, diminution du pouvoir de représentation des syndicats dans les élections professionnelles...;
    • pour la famille traditionnelle: baisse du nombre de mariages, augmentation des divorces, diminution des naissances et concurrence accrue d'autres modèles matrimoniaux (concubinage, famille monoparentale).
  • Marginalité, déviance, exclusion, (prepaB,143). L'affaiblissement de ces institutions semblent avoir pour conséquence un contrôle social moins efficace qui apparaît notamment à travers la progression de certaines formes de déviance et signes de pathologie sociale. 
    • La progression de la petite délinquance: vols, infractions contre les biens publics et privés, émeutes, attentats aux moeurs, nombre de détenus. La manifestation de ces actes semble être plus violente. 
    • Augmentation du nombre de suicide (surtout depuis le milieu des années 70), à une croissance de la consommation de psychotropes plus marquées chez les femmes, et l'usage plus fréquent des stupéfiants. Nouvelles formes de pauvreté: rupture du lien social par le travail qui conduit, par cascade, à l'exclusion. En effet, le licenciement fragilise souvent le couple et conduit à une désintégration du lien familial, à l'insolvabilité et à une expulsion du logement, qui conduit à une exclusion sociale totale et souvent irréversible.
    • Réaction: Certains voient dans ces tendances le signe d'une montée de l'individualisme, d'un repli sur soi. Pourtant, cela ne se traduits pas par un égoisme plus grand. Les individus restent insérés dans des réseaux de sociabilité surtout d'ordre micro-social et la société s'efforce toujours d'intégrer, de resserrer les liens sociaux.
  • Nouvelles formes de solidarité (prepaB,144)
    • Si les familles sont moins stables, le principe de communauté familiale n'est pas mis en cause: les divorces sont suivis de remariage, le nombre de couples non mariés mais avec enfants progresse. La solidarité familiale intergénérationnelle joue plus fortement dans ce contexte de crise;
    • Cercle des amis plus large et soude entre eux par des activités communes ou par l'entraide;
    • En ville la solitude est moins pesante, grâce aux moyens de communication et lieux de rencontre favorisant le contact entre les individus;
    • Si les grandes organisations sont en déclin, les associations se multiplient, notamment dans le domaine de la solidarité.
  • Effort d'intégration maintenu, (prepaB,144)
    • Outre ces groupes primaires, l'école, les médias et les pouvoirs publics restent de très fortes institutions de socialisation.
    • Ecole: population aux origines sociales de plus en plus larges. renforce son effort sur les zones d'éducation prioritaires (ZEP) qui connaissent les plus grandes difficultés sociales.
    • Médias: participent à la convergence de normes et valeurs qui permettent une unité de la société. 
    • Pouvoirs publics tentent de trouver des solutions à la nouvelle pauvreté; la mise en place du revenue minimum d'insertion (RMI), même si elle est contestée dans sa capacité de résoudre le problème, maintient un "lien social minimum" pour les plus défavorisés.
Durkheim sur wikipédia:
  • BiographieDavid Émile Durkheim (15 avril 1858, Épinal - 15 novembre 1917, Paris1) est l'un des fondateurs de la sociologie moderne. En effet, si celle-ci doit son nom à Emmanuel-Joseph Sieyès et a été popularisée par Auguste Comte à partir de 1848, c'est grâce à Durkheim et à l'École qu'il formera autour de la revue L'Année sociologique2 (1898) que la sociologie française a connu une forte impulsion à la fin du xixe siècle. Formé à l'école du positivisme, Durkheim définit le « fait social » comme une entité sui generis, c'est-à-dire en tant que totalité non réductible à la somme de ses parties. Cette définition lui permet de dissocier l'individuel du collectif et le social du psychologique, et de fonder logiquement les conditions de possibilité d'une action contraignante de la société sur les individus. « Extériorité, étendue et contrainte caractérisent le fait social » : cette thèse fit de lui le véritable fondateur de la sociologie en tant que discipline autonome et scientifique. Durkheim est à l'origine de plusieurs termes qui sont aujourd'hui très connus, comme anomie et conscience collectiveL'apport de Durkheim à la sociologie est fondamental puisque sa méthode, ses principes et ses études exemplaires, comme celle sur le suicide ou la religion, constituent toujours les bases de la sociologie moderne. Toutefois, l'apport de son œuvre va bien au-delà de cette discipline et touche presque toutes les disciplines dans les sciences humaines, dont l'anthropologie, la philosophie, l'économie, la linguistique, et l'histoire. Ses oeuvres: 


  • Influences intellectuelles:
    Durkheim a été également influencé par ses professeurs à l'École Normale Supérieure, dont Émile Boutroux, avec lequel Durkheim a lu Comte, et Gabriel Monod, et Numa Denis Fustel de Coulanges, qui l'ont introduit à des méthodes empiriques et comparatives pour étudier l'histoire. Charles Renouvier a été très important aussi, car il a formé en large mesure les vues de Durkheim sur Kant.
    Entre 1885 et 1886 Durkheim passa une année scolaire en Allemagne, ou il rencontra Fred Wagner, Gustav Schmoller, Rudolph von Jehring, Albert Schäffle, et Wilhelm Wundt. Ces penseurs étudiaient la moralité d'une manière scientifique et mettaient l'accent sur l'aspect social de la moralité. Wundt a été peut-être le plus important pour Durkheim car, comme ce dernier le ferait plus tard, Wundt rejetait l'individualisme méthodologique et argumentait que la moralité est un phénomène sui generis. Ensemble, ces penseurs fournirent les bases de la théorie du réalisme social que Durkheim développerait plus tard, en critiquant la vision utilitaire (voir de Spencer) de la morale qui voit l'origine de la moralité dans l'intérêt rationnel de l'individu.
    D'autres penseurs ont été importants pour la pensée de Durkheim. Il a écrit sur Rousseau et Montesquieu, qu'il considère des précurseurs de la pensée sociologique. L'anthropologue William Robertson Smith influence sa pensée sur la religion. Des philosophes comme KantPlatonWilliam James, et Descartes l'influencent aussi. Deux des plus importantes influences pour Durkheim sont surtout Auguste Comte et Herbert Spencer. Le premier voulait appliquer la méthode scientifique des sciences naturelles aux sciences sociales, et le second développa une approche utilitariste évolutionnaire pour étudier la société humaine. Durkheim fut influencé par le positivisme de Comte, ainsi que par son approche scientifique de l'humanité, par lequel Comte appliqua la méthodologie des sciences dures à l'étude des sociétés humaines. Durkheim, par contre, développerait une méthode complètement nouvelle et spécifique à la société. À Spencer, Durkheim emprunta des éléments de fonctionnalisme et d'analogie organique. Néanmoins, Durkheim est très critique des deux à cause de ce qu'il considérait comme des assomptions métaphysiques, qui se trouvent, selon lui, dans leurs modèles unilinéaires d'évolution sociale. Il faut mentionner aussi Alfred Espinas, l'auteur de Les Sociétés Animales (1877). Durkheim a remarqué que ce livre était le premier à élaborer une science des faits sociaux.

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